Points de langue

Le blog de moncorrecteur.net

En plus de la correction professionnelle de tous vos textes, je propose quelques astuces avec ce blog pour répondre aux questions que vous vous posez sur la langue française.

 

 

 

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Avoir l’air

22/04/2022

Avoir l’air

Tu n’as pas l’air inquiète, mais vu les circonstances, tu devrais prendre l’air inquiet…


Voilà une expression du quotidien dont l’utilisation a l’air évidente, mais je voulais revenir sur une subtilité souvent oubliée. Prenons quelques instants pour revenir sur l’analyse de l’expression avant de parler de la finesse en question.

 

Sommaire

Accord avec le sujet
Accord avec air
Et dans le cas d’une chose inanimée ?
En résumé
Sources

 

1. Accord avec le sujet

Après l’expression avoir l’air, l’accord avec le sujet est le plus courant. Retenez que c’est la tournure a utiliser dans pratiquement tous les cas.


Ta mère a l’air drôlement sérieuse, ce matin !


Dans cette phrase, l’adjectif sérieuse s’accorde avec le sujet, elle. L’expression avoir l’air a le même sens qu’un verbe d’état, comme sembler. On dit que sérieuse est attribut du sujet.


Ces pâtes carbonara ont l’air délicieuses. = Ces pâtes carbonara semblent délicieuses.

 

2. Accord avec air

Dans le cas où l’on voudrait insister sur l’air que se donne quelqu’un, il est possible d’accorder l’adjectif qui suit avec le nom air.


Ta mère a l’air drôlement sérieux, ce matin ! = L’air que se donne ta mère est drôlement sérieux.


Le guide de grammaire du logiciel Antidote recommande d’éviter cette tournure qu’il considère comme trop datée et conseille d’utiliser le déterminant indéfini « un » si vous voulez vraiment insister sur l’air que prend quelqu’un…


Ta mère a un air drôlement sérieux, ce matin.

 

Cependant, retenez que si air est suivi d’un complément en de (ou d’), l’accord avec air devient obligatoire.


Elle a l’air obséquieux d’un croque-mort, ce matin. = L’air qu’elle se donne est obséquieux, comme celui d’un croque-mort.

 

3. Et dans le cas d’une chose inanimée ?

Nous arrivons enfin à la subtilité que je voulais évoquer dans cet article, une source d’erreurs que l’on peut facilement éviter : seuls les êtres animés peuvent se donner un air, puisque cela implique une notion de volonté. Une chose ou un objet ne le peuvent pas. Dans ce cas, l’adjectif sera toujours attribut du sujet, on ne dira jamais que « cette tarte au citron a l’air délicieux » ni que « cette chaise a l’air branlant ». 


Cette tarte au citron a l’air délicieuse.
Cette chaise a l’air branlante.

 

4. En résumé

La plupart du temps, on accorde l’adjectif qui suit l’expression avoir l’air avec le sujet. C’est même obligatoire dans le cas d’une chose inanimée.


Cette moquette a l’air très sale.


Parfois, lorsque l’on souhaite insister sur l’air que se donne un être animé ou que l’on veut comparer cet air grâce à un complément, on peut accorder l’adjectif avec le nom air.


Elle a l’air sérieux d’un ministre pris sur le fait.

 

Sources

CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.


« Avoir l’air, suivi d’un adjectif : accord », Guide de grammaire, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

Le Certificat Voltaire

01/04/2022

Le Certificat Voltaire

L’apprentissage des règles de la langue française !

Qui se souvient de ses cours de français, de toutes ces heures passées, blotti·es contre le radiateur au fond de la classe à se demander vaguement la signification de « grammaire » et de « syntaxe » (dans le meilleur des cas) ? Pour des enfants et jeunes, ça pouvait vite se transformer en casse-tête, et les classiques hors d’âge au programme n’aidaient pas à se passionner pour le français.


Alors, comment s’extirper des éventuelles insuffisances une fois la scolarité terminée ? La société Woonoz apporte un début de réponse depuis 2010 avec son Certificat Voltaire et son programme de remise à niveau à base « d’ancrage mémoriel ». Est-ce la solution à tous les maux des timides de l’orthographe ? Je vous propose d’y réfléchir ensemble, à partir de mon expérience personnelle.


Après avoir suivi la formation en ligne « Écrire sans fautes », j’ai passé le Certificat Voltaire, épreuve d’orthographe, en février 2022 (et j’ai obtenu le score de 993/1 000). Je ne vais pas m’intéresser ici à l’épreuve d’expression. Je précise également que cet article n’est pas sponsorisé, il ne reflète que mon opinion.

 

Sommaire

Qu’est-ce que le Certificat Voltaire ?
La formation en ligne « Écrire sans fautes » et la préparation à l’examen 
L’examen
Vraiment progresser en français

Sources

 

1. Qu’est-ce que le Certificat Voltaire ?

L’épreuve d’orthographe du Certificat Voltaire est un examen qui évalue la maîtrise de la langue française en se basant sur un score noté sur 1 000 points et dont l’interprétation est divisée en plusieurs paliers : technique, professionnel, affaires et expert. Un premier sujet sur 700 points traite des règles courantes pour un travail de bureau et une seconde partie sur 300 points propose des règles de niveau littéraire. L’objectif pour quiconque tente l’aventure est de valoriser ses compétences en affichant fièrement son score (je plaide coupable), par exemple sur son CV. 


Mais avant de passer un examen, il faut s’y préparer ! Voyons ensemble ce « programme de remise à niveau ».

 

2. La formation en ligne « Écrire sans fautes » et la préparation à l’examen

A. Principes de la formation


Voilà, vous êtes inscrit·e ! Vous avez réglé les 528 € (que je vous conseille de payer avec votre compte personnel de formation si vous le pouvez, parce que ce n’est pas donné), et vous recevez votre code, celui qui vous permet de découvrir les « modules d’entraînement » que promet la formation en ligne « Écrire sans fautes ». Au programme, au moins onze heures d’apprentissage et un manuel de révision envoyé à la maison, Optimiser son score au certificat Voltaire de Marie-France Claerebout. 


À ce prix-là, l’inscription comprend l’accès aux modules en ligne pour quatre mois, le manuel et les frais d’examen. Vous pouvez tout à fait bûcher dans votre coin sans les ressources du « Projet Voltaire » ; dans ce cas, chaque session d’examen coûtera 60 € et vous trouverez le manuel pour 19 € parmi de nombreux autres ouvrages destinés à la préparation de la certification. (Autant l’écrire clairement, si vous ne pouvez pas financer le tout avec votre compte personnel de formation, contentez-vous d’un ou deux manuels ; ils suffiront si vous révisez avec assiduité et l’examen restera le même.)


Ces considérations matérielles évacuées, revenons à la formation en ligne. Chaque module d’entraînement permet de travailler un ensemble de règles, ils sont classés par ordre de difficulté et soumis à une progression linéaire. Vous retrouverez la distinction entre les sujets d’examen professionnel et littéraire, ici appelés « supérieur » et « excellence ». Le principe ? L’ordinateur vous met une phrase devant les yeux ; si vous voyez une faute, cliquez sur le mot incriminé, sinon cliquez sur le bouton « Il n’y a pas de faute ». Le format de travail est différent de celui de l’examen, j’y reviendrai. Ici, une phrase traite une seule règle et aucun mot n’est souligné : c’est à vous de chercher. Entre chaque phrase, vous trouverez le détail du principe à retenir, ce qui permet de réviser tout en avançant dans le module.


Et le manuel, dans tout ça ? Son organisation n’est pas la même : les règles y sont aussi classées en fonction de leur appartenance aux sujets professionnel ou littéraire, mais elles sont ordonnées par thème comme dans un Bescherelle. Vous retrouvez exactement les mêmes qu’en ligne, avec en prime des explications et des exemples différents ; pratique pour compléter les sessions devant écran.

 

B. Les forces du programme


Pour les modules en ligne, tout repose sur « l’ancrage mémoriel » que le département pub de l’entreprise met en avant. À raison, puisque la technologie est plutôt convaincante ! Chaque règle est vue plusieurs fois au sein d’un module, au moyen de différentes phrases. En cas de mauvaise réponse, le programme glissera davantage de fois la même règle dans votre session. Les notions déjà maîtrisées sont évacuées, très vite validées pour ne plus laisser la place qu’à vos lacunes. Les cent quarante règles traitées dans les dix modules « supérieurs » sont entrecoupées de validations qui apparaissent quelques jours plus tard, et qui reviennent sur les fautes commises, histoire de s’assurer que tout est bien « ancré » dans nos petites têtes. Vous pouvez également télécharger des fiches de révision avec exercices et partager vos astuces avec la communauté. Quant aux cent quatre-vingt-dix règles des quatorze modules « excellence », ils observent le même schéma, moins les fiches de révision.


Après vos onze heures de travail, votre cerveau sera conditionné et repérera toutes les erreurs courantes que l’on trouve dans les échanges de courriels au bureau. Ce qui est un peu le but, n’est-ce pas ?


Je dois reconnaître que le système en ligne fonctionne bien et qu’un vrai sentiment de progression s’empare de nous quand on revient sans problème sur une règle qu’on pensait très difficile (coucou l’adverbe « tout », sur lequel j’écrirai un futur article). Je considère également que le manuel papier de Marie-France Claerebout est de bonne qualité et qu’il est très pratique, je l’utilise d’ailleurs en référence pour écrire mes articles. À titre personnel, oui, j’ai progressé depuis que j’ai suivi cette formation.

 

C. Les faiblesses du programme


La grande question à se poser au moment de s’inscrire au Certificat Voltaire, c’est : « Quel est mon objectif ? »

Si vous souhaitez vous préparer au test dans le seul but d’obtenir un score satisfaisant à afficher sur votre CV, foncez. En revanche, si vous voulez progresser en français, c’est-à-dire mieux comprendre les rouages de la langue, l’articulation des mots et leur sens, alors la seule formation prodiguée en vue de l’examen est insuffisante. Voyons pourquoi.


Si l’apprentissage par « l’ancrage mémoriel » est efficace, je suis plus que sceptique sur la manière dont les règles sont présentées. Bien sûr, on ne vous fera pas passer une faute pour une bonne réponse, ça non ! (Et encore heureux.) Mais les explications sont superficielles et reposent sur des remplacements de termes par d’autres ou sur des petits moyens mnémotechniques.

Les modules (et c’est valable également pour le manuel papier) ne prennent que trop rarement la peine d’expliciter la nature et la fonction des mots et le vrai « pourquoi du comment » derrière tout ça. Une règle peut très bien indiquer que tel mot est un adverbe, invariable, avant de démontrer que le même mot peut revêtir la marque du féminin. Pourquoi ? À vous de deviner, et c’est plutôt frustrant.


Pire, un module peut entièrement occulter un pan d’une règle parce qu’il ne colle pas avec ce qui est prévu à l’instant t. Par exemple, vous pourrez lire au niveau « excellence » que « le participe passé ayant pour COD le pronom neutre “l” est invariable, car il remplace une proposition ». Mais qu’est-ce qu’un pronom neutre ? Et une proposition ? Et pourquoi alors le participe passé « vue » s’accorde-t-il dans la phrase : « La fanfare a défilé hier, je l’ai vue passer » ? Heureusement, le manuel nous éclaire et précise que dans le cas de « l’ », il faut bien prendre garde à vérifier si le pronom remplace un mot ou une proposition.


On en vient à une autre faiblesse, un peu plus marginale : le manuel et les modules en ligne sont parfois en contradiction. Par exemple, le niveau « excellence » nous enseigne qu’on « apporte un bébé qui ne marche pas encore ». Soit. Alors pourquoi le livre considère-t-il qu’il s’agit d’une faute, et que la phrase adéquate est : « on amène un bébé », même s’il ne marche pas ? (Par chance, je ne suis pas tombé sur cette question à l’examen ! Comment deviner la réponse attendue par la machine qui corrige ?)


Je termine cette partie avec un peu de sel ; je ne peux que souligner la manière péremptoire dont sont présentées toutes les règles. Si beaucoup sont à appliquer telles quelles, un certain nombre peut faire débat (comme sur des impropriétés ou des expressions inusitées). Mais aucun cheminement intellectuel n’est proposé par les modules ou le manuel, ce qui laisse entrevoir une langue figée dans l’ambre, intouchable, quasi conservatrice. Heureusement que des lexicographes plus modernes, des amoureux et amoureuses d’un français plus ouvert, sont présents ailleurs pour nous éclairer (je pense par exemple aux guides du logiciel Antidote qui aident vraiment au progrès de la réflexion sur la langue). Le sens même des phrases proposées participe au côté bien discipliné du travail de bureau, non sans idéologie.

Quelques exemples : « C'est encore moi qui devrai pallier ton absence ce soir, si tu quittes le bureau plus tôt » ou encore « Quel que soit le besoin, nous ne pouvons recruter un employé commercial en ce moment. » 

Et ma préférée : « Quant aux heures de soutien scolaire, chaque enseignant est prié d'en faire plus. »

Le message est limpide : nous sommes ici sur le « Projet Voltaire » pour réviser un examen calibré comme un défilé militaire, pas pour réfléchir en dehors des clous. Tant mieux si nous retenons des phrases prétendument courantes dans un contexte professionnel, petits soldats que nous sommes.

 

3. L’examen

Vous êtes prêt·e·s ? Vous récitez les règles « ancrées » même dans votre sommeil, au grand désespoir de votre camarade de lit ? C’est le jour j ! Soufflez, et rendez-vous dans votre centre d'examen agréé.


L’épreuve d’orthographe du Certificat Voltaire s’appuie sur les réponses données à un QCM (la courte dictée introductive est très simple et ne change pas le score, mais une réserve peut être apportée au certificat en cas d’erreurs). En deux heures, vous devez relire cent quatre-vingt-quinze phrases qui comportent chacune trois mots ou locutions soulignés, et signifier la présence (ou l’absence) de faute au sein de ces trois éléments en remplissant la ou les cases correspondantes (A, B et C pour les mots soulignés et D s’il n’y a pas de faute). Prenons un exemple pour y voir plus clair :


La ministre complice s’est faite interroger par un aéropage de vingt juges.

 

Ici, vous deviez noircir les cases A et B, car les deux premiers mots soulignés sont mal écrits. Les cases C et D doivent rester vides.


Vous avez deux heures pour analyser près de deux cents phrases, ça passe vite ! Je vous conseille de vous entraîner en amont en conditions réelles, par exemple en imprimant une grille de réponses et en planchant sur le sujet proposé dans le manuel. En principe, vous ne subirez aucun piège : les phrases reprennent les règles vues à l’apprentissage. Prenez garde néanmoins, car elles sont toutes mélangées (hormis le respect de la séparation entre les sujets professionnel et littéraire) et plusieurs interviennent pour chaque énoncé. Je pense que vous devez bien garder à l’esprit que le format auquel vous avez l’habitude ne correspond pas tout à fait à l’examen, ce qui peut en déstabiliser certains et certaines puisque le fondement même de la formation préalable est « d’automatiser » le traitement des fautes. De plus, si la plupart des règles de niveau « supérieur » apparaissent dans le sujet professionnel, seul un tiers (à la louche) de celles du niveau « excellence » viennent vous titiller sur le sujet littéraire. Tant mieux si vous tombez sur vos points forts.


Sachez également que c’est un scanner qui vous évalue et que vous n’avez aucun recours en cas de doute : impossible de conserver son sujet ni de consulter la correction de sa copie. Vous devrez une totale confiance en la machinerie de l’entreprise, et tant pis si elle se trompe parce que vous avez trop peu noirci une case ou trop débordé d’une autre. De toute façon, personne n’en saura jamais rien.


Après environ quinze jours à vous ronger les ongles (si vous êtes de nature anxieuse), vous recevez votre score par courriel, puis le certificat papier dans votre boîte aux lettres. N’oubliez pas de célébrer vos résultats comme il se doit, c’est l’occasion de se laisser inviter au resto par vos proches.

 

4. Vraiment progresser en français

Nous l’avons vu, la formation « Écrire sans fautes » est un très bon moyen de progresser à certains niveaux dans l’optique de valider l’examen, car le programme crée des automatismes chez les candidat·e·s qui pourront, sans hésiter, identifier les règles au moment de plancher (et espérons-le, dans la vie quotidienne). Elle permet donc de répondre efficacement à des besoins ponctuels spécifiques, essentiellement liés au travail de bureau. Mais les lacunes et le manque de profondeur des explications fournies ne permettent pas du tout de se préparer à affronter tous les cas de figure. Dès qu’une phrase sortira du cadre « Certificat Voltaire », même si elle traite d’une règle de grammaire révisée avec les modules, le cerveau risquera de trébucher et de ne pas trouver la solution au problème.


Pour se tirer de tous les mauvais coups de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison et de la syntaxe, il faut s’entraîner à comprendre les rouages de la langue ; la nature et la fonction des mots, leur agencement. Oui, si vous désirez vraiment progresser en français, vous pouvez vous inscrire à l’examen du Certificat Voltaire, mais faites-le en achetant un Bescherelle que vous consulterez en parallèle et à chaque doute (et c'est un poil plus abordable que la formation, puisqu’on peut acheter le coffret complet à moins de 30 euros).


Le meilleur moyen de s’améliorer, c’est de lire. Des romans, des journaux, des mangas, des magazines, ce que vous voulez.


Après tout, on dit bien qu’apprendre à pêcher permet de manger toute sa vie ; pourquoi se contenter du simple poisson qu'est la certification ?

 

Sources

CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.

 

« Certificat Voltaire : la signification de votre score », site du Certificat Voltaire, disponible sur https://www.certificat-voltaire.fr/score-certificat/, consulté le 19 mars 2022.

« Écrire sans fautes », document PDF, site du Projet Voltaire, disponible sur https://www.projet-voltaire.fr/pv-wp/wp-content/uploads/2019/11/CPF-Projet-Voltaire-WAE2M-Ecrire_sans_fautes.pdf, consulté le 22 mars 2022.

« FAQ : Vos questions fréquentes », site du Certificat Voltaire, disponible sur https://www.certificat-voltaire.fr/faq/, consulté le 19 mars 2022.

« Mon programme d'entraînement, niveau excellence », site du Projet Voltaire version 7.2.82.0, disponible sur votre espace personnel du site https://www.projet-voltaire.fr, consulté le 19 mars 2022.

« Mon programme d'entraînement, niveau supérieur », site du Projet Voltaire version 7.2.82.0, disponible sur votre espace personnel du site https://www.projet-voltaire.fr, consulté le 19 mars 2022.

 

... et mon expérience récente !

 

Les caprices du nom « gens »

18/03/2022

Les caprices du nom « gens »

Le nom « gens » est plutôt unique dans la langue française, vous ne trouvez pas ?


Amusés, ces vieilles et bonnes gens heureux sont souriants.


Attendez, quelque chose cloche ! Pourquoi utiliser le masculin, le féminin puis à nouveau le masculin pour désigner un même mot dans une même phrase ? Et pourtant, elle est correcte. Explications.


1. Au sein d’une phrase, tous les mots qui s’accordent à gens et qui le suivent sont masculins.


2. Au sein d’une phrase, les mots qui s’accordent à gens et situés avant suivent des règles un peu plus complexes.


Les mots qui n’appartiennent pas directement au groupe dont gens est l’élément principal restent masculins. Dans notre exemple, c’est le cas d’amusés, qui est séparé du groupe par une virgule.

 

Si gens, au sein du même groupe de mots, est précédé par un adjectif ou un déterminant dont la forme au féminin est différente du masculin, alors tous les mots de ce groupe sont féminins. 

Avec notre exemple, c’est le cas de ces vieilles et bonnes gens, qui forment un groupe et sont tous féminins. (bons — bonnes)


Dans le cas où gens est immédiatement précédé par un adjectif ou un déterminant dont la forme ne change pas entre le masculin ou le féminin, tous les mots du groupe restent masculins.


De vieux et braves gens. (braves — braves)


3. Il faut également retenir que si gens est suivi d’un complément composé de la préposition de et d’un nom, tous les mots restent au masculin.


De rigoureux gens de lettres.


Reprenons notre exemple.


Amusés, [ces vieilles et bonnes gens heureux] sont souriants.


Le groupe nominal dont gens est le noyau est indiqué entre crochets. Les mots qui suivent gens sont masculins, même au sein de ce groupe. Les mots qui le précèdent et qui appartiennent à ce groupe sont féminins, car bonnes est la forme féminine de bons. Enfin, amusés est au masculin car il est détaché du groupe.

 

Sources

CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.
LAURENT, N., DELAUNAY, B., Bescherelle, la grammaire pour tous, Paris, Hatier, 2019.


« Accord avec le nom gens », Guide de grammaire, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

 

 « Gens, définition », Le Robert en ligne, disponible sur https://dictionnaire.lerobert.com/definition/gens, consulté le 12 janvier 2022.

 

 

L’accord du participe passé des verbes pronominaux

04/03/2022

L’accord du participe passé des verbes pronominaux

Elles se sont téléphoné, elles se sont appelées.

 

Les participes passés des verbes pronominaux font s’arracher les cheveux à nombre d’auteurs et les explications que nous pouvons trouver ici et là, sur Internet aussi bien que dans des manuels, sont parfois expéditives. Prenons un peu de temps pour comprendre comment accorder le participe passé des verbes pronominaux, en suivant quelques étapes qui permettent d’éviter tout cafouillage.

 

La méthode que je vous présente dans ce billet est une manière de fonctionner, mais chacun est libre d'en préférer une autre. Je propose de catégoriser les différents verbes afin de faciliter l'analyse des pronoms, et ce n'est qu'après analyse que j'applique les règles d'accord.

 

Sommaire

Que sont les verbes pronominaux et comment les catégoriser ?
Comment analyser le pronom réfléchi d’un verbe pronominal ?
Comment accorder le participe passé d’un verbe pronominal ?
Quelques pièges.
Mon avis.
En résumé.

Sources.

 

Si vous êtes à l'aise avec l'analyse des pronoms, vous pouvez directement consulter la troisième partie et les plus pressés peuvent se reporter au tableau à la fin de ce billet. Je ne vous en voudrai pas !

 

 

1. Que sont les verbes pronominaux et comment les catégoriser ?

Un verbe pronominal se construit avec un pronom réfléchi, qui reprend le sujet. 


Se laver : « se » est le pronom réfléchi. 
S’envoyer : « s’ » est le pronom réfléchi.
Je m’aperçois : « m’ » est le pronom réfléchi.
Vous vous échappez : le second « vous » est le pronom réfléchi.


Nous pouvons classer ces verbes en quatre catégories, ce qui facilitera leur analyse.

 

1. Certains sont de simples dérivés d’un verbe non pronominal, ils conservent le même sens et la même construction.

 

Écrire et s’écrire partagent le même sens. Laver et se laver partagent le même sens.

Nous nous sommes écrit.
Elle s’est lavée.

 

D’autres, moins évidents, peuvent conserver leur sens à la forme pronominale dans un certain contexte seulement. Apercevoir et s’apercevoir peuvent tous les deux signifier « voir brièvement ». S’apercevoir est alors bien un dérivé d’apercevoir.

 

Elles se sont aperçues dans la foule = Elles se sont vues brièvement dans la foule.

 

Dans ces cas, s’écrire et s’apercevoir sont des verbes pronominaux réciproques (elles s’écrivent l’une à l’autre réciproquement, elles s’aperçoivent réciproquement), se laver est un verbe pronominal réfléchi (elle se lave elle-même). On regroupe ces verbes dans la même catégorie, les pronominaux réciproques ou réfléchis.

 

2. En revanche, s’apercevoir de signifie « se rendre compte de », ce n’est plus un simple dérivé d’apercevoir.

 

Elles se sont aperçues de leurs progrès.

 

S’apercevoir de est ici un verbe pronominal autonome. C’est le cas de verbes qui existent à une forme non pronominale, mais avec un sens différent ou une autre construction. Attention à la nuance qui peut parfois être difficile à déceler.

 

Attendre signifie « patienter », « espérer ».
Mais s’attendre à signifie « anticiper », « croire que quelque chose aura lieu ».

 

S’attendre à n’a pas le même sens qu’attendre, c’est un verbe pronominal autonome.

 

Attention ! En cas de doute (et croyez-moi, ça arrive), vérifiez si le pronom personnel exerce une fonction dans la phrase (COD ou COI, voir le point « comment analyser le pronom réfléchi d'un verbe pronominal »).

Si le pronom répond à la question « qui ? », « quoi ? », « à qui ? » ou « à quoi ? », alors le verbe est réfléchi ou réciproque.

Si le pronom ne répond à aucune question, c’est bien d’un verbe pronominal autonome qu’il s'agit.

 

3. D’autres verbes n’existent qu’à la forme pronominale.

 

S’enfuir, se souvenir...

 

« Enfuir » et « souvenir » sont des verbes qui n’existent pas sans leur pronom réfléchi. Ils sont essentiellement pronominaux.

 

4. Enfin, notez que certains verbes pronominaux peuvent être employés dans une tournure passive. 

 

Les masques chirurgicaux se sont vendus comme des petits pains.

 

Les masques ne sont pas vendus eux-mêmes, mais par quelqu’un. On parle alors de verbe pronominal de sens passif.

 

 

Bien comprendre la catégorie à laquelle appartient un verbe pronominal permet de faciliter l’analyse de son pronom réfléchi.

 

 

2. Comment analyser le pronom réfléchi d'un verbe pronominal ?

Vous savez catégoriser les différents verbes pronominaux, mais ce n’est pas encore suffisant pour appliquer les règles d’accord que nous verrons plus bas. Avant cela, il convient d’être capable d’analyser les pronoms réfléchis.
Les pronoms réfléchis des verbes pronominaux peuvent occuper les fonctions de complément d’objet direct (COD), complément d’objet indirect (COI) ou ne pas occuper de fonction du tout. Passons en revue les différents cas.

 

 

1. Les verbes pronominaux réfléchis ou réciproques.

 

A. Le pronom réfléchi peut être COD.

 

Tu/t'/es/lavé

Sujet/COD/auxiliaire/participe passé

 

Le pronom réfléchi répond à la question « qui ? », il est COD.

La phrase signifie que le « tu » s’est lavé lui-même.

 

B. Le pronom réfléchi peut être COI.

 

Nous/nous/sommes/envoyé/des messages.
Sujet/COI/auxiliaire/participe passé/COD

 

Dans cet exemple, le pronom réfléchi répond à la question « à qui ? », il est COI.

La phrase signifie que « nous » avons envoyé des messages à nous-mêmes, l’un à l’autre, réciproquement.

 

 

2. Les verbes pronominaux autonomes, essentiellement pronominaux et de sens passif.

 

Elles/se/sont/souvenues/de la soirée.

Sujet/pronom sans fonction logique/auxiliaire/participe passé/COI

 

La phrase ne signifie pas « qu’elles ont souvenu elles-mêmes » ni « qu’elles ont souvenu à elles-mêmes » (cela n’a pas de sens !). Le pronom réfléchi n’est pas COD ni COI, il est sans fonction logique. 

 

Elle s’est échappée.

 

Là encore, on ne peut pas dire « qu’elle a échappé elle-même » ni « à elle-même ».

 

Le pronom réfléchi peut être « non analysable ».

 

 

3. Comment accorder le participe passé d'un verbe pronominal ?

Vous savez maintenant analyser la fonction des pronoms réfléchis. Grâce à ces informations, voyons comment appliquer les règles d’accord.

 

 

1. Si le pronom réfléchi ne peut pas être analysé.

 

Lorsqu’on ne peut pas analyser le pronom réfléchi d’un verbe pronominal, l’accord de son participe passé se fait toujours avec le sujet.

 

Ils se sont échappés.

 

Ici, le participe passé du verbe pronominal autonome s’échapper s’accorde avec le sujet ils.

 

 

2. Si le pronom réfléchi est COD.

 

Lorsque le pronom réfléchi occupe la fonction de COD, le participe passé s’accorde avec ce COD, c’est-à-dire avec le pronom réfléchi par essence placé avant.

 

Elle s’est lavée

 

Ici, le participe passé du verbe pronominal réfléchi se laver s’accorde avec le COD s’, elle-même.

 

 

3. Le pronom réfléchi est COI.

 

C’est là qu’il faut prêter attention aux pièges. Lorsque le pronom réfléchi est COI, on recherche si le verbe a un COD placé avant le participe.

 

A. Si le verbe n’a pas de COD ou s’il est placé après le participe, alors le participe passé reste invariable.

 

Elle s’est lavé les dents.

 

Ici, le participe passé ne s’accorde pas avec le COD les dents placé après.

 

Elles se sont écrit.

 

Le participe passé du verbe pronominal réciproque s’écrire ne s’accorde pas, car le verbe n’a pas de COD. Attention à ne pas accidentellement accorder le participe passé avec le COI se, mis pour elles.

(Elles n’ont pas « écrit elles-mêmes », elles ont écrit à elles-mêmes.)

 

B. Si le verbe a un COD placé avant, alors on accorde le participe avec ce COD.

 

Les dents qu’il s’est lavées.
Les messages qu’elles se sont écrits.

 

Ici, les participes passés s’accordent avec les COD les dents et les messages placés avant.

 

Dans les cas où l’analyse du pronom réfléchi est possible, on peut donc retenir qu’il faut appliquer les règles d’accord de l’auxiliaire avoir.

 

 

4. Quelques pièges

Attention aux verbes dont on n’accorde jamais le participe passé.

 

Se plaire, se complaire, se déplaire, se rire.

 

De même, on n’accorde jamais le participe passé des verbes dont le pronom est analysable mais qui ne peuvent pas avoir de COD, pour lesquels on n’accorde donc pas le participe passé, comme se succéder.

 

Et mon petit préféré, le verbe s’arroger qui, bien qu’essentiellement pronominal, s’accorde avec le COD placé avant et non pas avec le sujet.

 

Les privilèges qu’il s’est arrogés.

 

5. Mon avis

Toute la subtilité de l’application de ces règles se joue sur le sens et la fonction des mots. La principale difficulté selon moi est de bien distinguer un verbe pronominal autonome d’un verbe pronominal réfléchi ou réciproque, car si nuance de sens ou de construction il y a, elle peut être mince. Une petite astuce en plus de l’analyse du pronom : repérez la préposition qui permet souvent de les différencier, comme avec se servir de (autonome) qui a un sens différent de se servir (réfléchi ou réciproque). 

 

Elle s’est servie de son téléphone. Elle s’est servi un soda.

 

La méthode que je vous ai présentée dans ce billet est une manière de fonctionner parmi d’autres, certains préfèrent commencer par systématiquement chercher s’il y a ou non un COD avant de déterminer si le pronom est analysable ou non. À vous de choisir !

 

 

6. En résumé

Si le pronom réfléchi n’est pas analysable, le participe passé s’accorde avec le sujet. 


Elles se sont enfuies.


Si le pronom réfléchi est COD ou COI, le participe passé s’accorde avec le COD placé avant. 


Elles se sont regardées, mais elles se sont regardé les pieds. Elles se sont écrit.

 

Catégorie du verbe pronominal Quelques exemples Analyse du pronom réfléchi Accord du participe passé

– Essentiellement pronominal

– Pronominal autonome

– De sens passif

S’enfuir, se souvenir,

s’apercevoir de, s’attaquer à

Impossible à analyser Avec le sujet
– Pronominal réfléchi ou réciproque

Se laver, se regarder,

se téléphoner, s’écrire

COD

COI

Uniquement avec le COD placé avant le participe passé.

 

Sources

CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.

LAURENT, N., DELAUNAY, B., Bescherelle, la grammaire pour tous, Paris, Hatier, 2019.

 

« Accord du participe passé d'un verbe pronominal », Guide de grammaire, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

« Accord du participe passé pronominal : avec un COD », Guide de grammaire, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

« Accord du participe passé  pronominal : sans COD », Guide de grammaire, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

 

 

 

 

 

La réforme de l'orthographe

11/01/2022

La réforme de l'orthographe

Sur moncorrecteur.net, je vous propose de choisir entre l'orthographe traditionnelle et l'orthographe rectifiée pour toutes les prestations. Quelques personnes m'ont demandé des précisions afin de bien comprendre ce que cela impliquait, ou plus généralement pour bénéficier d'une explication. Et quoi de mieux qu'un billet de blogue pour vous les fournir ?

 

La réforme de l'orthographe, ou rectifications de l'orthographe, est un ensemble de propositions formulées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française. L'objectif ? Simplifier, harmoniser, franciser les mots d'origine étrangère et régulariser le pluriel de mots composés. En bref, il s'est agi de moderniser la langue à travers un cadre qui se voulait plus lisible et qui cherchait à limiter les exceptions dont l'origine semblait injustifiée.

 

Pas de panique pour celles et ceux qui ont appris à écrire avant 1990, l'orthographe traditionnelle reste tout à fait correcte ; je ne pourrai jamais répéter assez que c'est l'usage qui fait la langue, et non le contraire. Et force est de constater que les habitudes de l'orthographe traditionnelle restent majoritaires, même en 2022. Voyons ensemble les points principaux de cette réforme.

 

 

Sommaire

Dans ce billet, je ne traiterai que des points qui me semblent les plus importants, sachant qu'il en existe d'autres. Pour tous les découvrir, je vous renvoie à mes sources.

 

Les accents

Le trait d'union

Les verbes en -eler et -eter

Francisation de mots d'origine étrangère

Le participe passé de laisser suivi d'un infinitif

En conclusion

Sources

 

Les plus pressés peuvent se reporter au tableau en fin d'article pour découvrir quelques exemples caractéristiques qui les aideront sans doute à se faire un avis.

 

 

1. Les accents

A. Séisme chez les amoureux de la langue : l'accent circonflexe disparaît sur le i et le u. Enfin presque. On le conserve quand il est utile, c'est-à-dire quand il est partie intégrante d'une terminaison verbale (au passé simple et au subjonctif) et dans les mots qui, sans cet accent, se confondraient avec un homophone (dû, mûr, sûr, jeûne et les formes conjuguées de croître).

 

En résumé sont supprimés tous les accents circonflexes inutiles sur le i et le u et les mots modifiés ne s'en portent pas plus mal car leur prononciation ne change pas. Pourquoi ne pas toucher aux autres voyelles ? Justement parce que sur les a, e et o, l'accent circonflexe joue un rôle dans la prononciation.

 

Un coût exorbitant devient un cout exorbitant.

 

Mais la côte que vous montez en rentrant chez vous ne se changera pas en cote d'un cheval de course. (Notez comment la prononciation diffère.)

 

B. De plus, les accents de certains mots changent pour se conformer à leur prononciation. Avec l'orthographe rectifiée, si vous entendez un accent grave, c'est sans doute qu'il faut choisir un accent grave !

 

Événement devient évènement.

 

C. Quant à l'accent tréma, qui sert à indiquer que l'on doit prononcer deux lettres séparément, il est ajouté à quelques mots et déplacé dans les suites de lettres -gue et -gui pour se placer au-dessus de la voyelle prononcée, le u.

 

Une règle ambiguë devient une règle ambigüe.

 

 

2. Le trait d'union

A. Les mots composés formés avec un trait d'union entre un verbe et un nom ou une préposition et un nom prennent désormais la marque du pluriel régulier. Ainsi, des mots qui auparavant prenaient la marque du pluriel alors qu'ils étaient au singulier (orthographe traditionnelle : un coupe-ongles) perdent cette marque tandis que des mots qui restaient invariables au pluriel (orthographe traditionnelle : des coupe-papier) prennent la marque du pluriel.

 

Avec l'orthographe rectifiée, le mot des après-midi (sans s final) devient des après-midis (pluriel régulier).

 

B. De plus, amis des nombres soyez ravis, chaque élément d'un nombre composé est lié aux autres avec un trait d'union.

 

Cent quatre-vingt-un mille devient Cent-quatre-vingt-un-mille.

 

C. Pour terminer sur ce point, notez que la soudure est recommandée quand elle est possible notamment dans les mots composés de contre-, entre-, extra-, infra-, intra-, ultra-, les mots savants, les onomatopées et les mots d'origine étrangère. Cette liste n'est pas exhaustive, et l'usage devient la règle : le meilleur moyen de se renseigner en cas de doute reste de consulter un dictionnaire récent. Je vous l'accorde, ici, la simplification n'est pas si évidente... Gardez en tête qu'il vaut mieux privilégier la soudure quand on utilise l'orthographe rectifiée.

 

Extra-conjugal devient extraconjugal.

 

 

3. Les verbes en -eler et -eter

Les verbes dont la terminaison à l'infinitif est -eler ou -eter se conjuguent désormais comme geler et acheter, sauf appelerjeter et leurs dérivés.

 

J'attelle devient j’attèle.

J'empaquette devient j'empaquète.

 

 

4. Francisation de mots d'origine étrangère

C'est simple, les mots d'origine étrangère prennent désormais les marques du pluriel et des accents conformes à leur prononciation. Plus généralement, la graphie est francisée ; là encore, je vous conseille de consulter un dictionnaire récent en cas de doute.

 

Revolver devient révolver.

Des matches devient des matchs.

Business devient bizness.

Blog devient blogue.

 

Lorsqu'un mot emprunté à une langue étrangère est francisé, on conserve sa forme la plus fréquente comme base, qu'il s'agisse du singulier ou du pluriel.

 

Un jazzman, des jazzmans.

 

 

5. Le participe passé de laisser suivi d'un infinitif

Sur le modèle de faire, le participe passé de laisser devient invariable lorsqu'il est suivi d'un infinitif, parce qu'il joue le rôle d'un auxiliaire.

 

Je les ai laissés partir devient je les ai laissé partir.

 

J'expliquerai plus en détail les règles d'accord des participes passés suivis d'un infinitif dans un futur billet.

 

 

6. En conclusion

Vous constatez vous-mêmes que certaines modifications bienvenues simplifient l'orthographe et sont très simples à intégrer, tandis que d'autres demandent de se référer à un dictionnaire récent. Je ne mentionne pas les mots à la graphie simplifiée, comme nénufar, mais sachez qu'ils existent, c'est du cas par cas. Chacun est juge et reste libre de préférer telle ou telle orthographe.

 

Je pense que l'important est d'être constant, notamment au sein d'un même texte. C'est pourquoi, lorsque je corrige, je prends garde d'utiliser uniquement la graphie traditionnelle ou uniquement la graphie rectifiée dans l'ensemble du document.

 

C'est bien sûr à vous de choisir.

 

Orthographe traditionnelle Orthographe rectifiée
Disparaître Disparaitre
Des abat-jour Des abat-jours
Week-end Weekend

Oignon

Ognon

Deux cent trente-quatre mille cinq cent soixante

Deux-cent-trente-quatre-mille-cinq-cent-soixante

 

 

Sources

Comme je l'écrivais en introduction, je n'ai exposé que les rectifications qui me paraissaient les plus importantes. Libre à vous de consulter les ressources disponibles ci-dessous.

 

« Les rectifications de l'orthographe », Guide d'orthographe, Antidote 11, version 1.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2021.

 

« La nouvelle orthographe, parlons-en ! », Orthographe recommandée, disponible sur https://www.orthographe-recommandee.info/comment.htm, consulté le 12 janvier 2022

 

 « Les rectifications de l'orthographe : principes et règles », Dictionnaire de l'Académie française en ligne, disponible sur http://www.dictionnaire-academie.fr/annexes/rectifications-orthographe.html, consulté le 12 janvier 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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