© 2024 Pierre Van Hoeserlande
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En plus de la correction professionnelle de tous vos textes, je propose quelques astuces avec ce blog pour répondre aux questions que vous vous posez sur la langue française.
08/06/2023
Les compléments de mesure sont souvent méconnus ou mal compris, en raison de leurs ressemblances avec les COD qui entraînent de nombreuses erreurs lorsqu’il s'agit d’accorder les participes passés. Toutefois, la règle à appliquer est très différente ! Apprenez à reconnaître les compléments de mesure et évitez les pièges pour ne plus commettre cette faute.
Je vais aborder les similitudes et les différences entre le complément d’objet direct et le complément de mesure, ainsi que les astuces pour reconnaître un complément de mesure.
Je ne regrette pas d’avoir dépensé les sept euros que m’a coûté ce livre.
Voilà une autre règle peu connue, et qui est source d’erreurs à la fois pour les personnes qui écrivent et pour celles qui lisent. Les premières parce qu’elles ont tendance à oublier l’existence de cette règle, les secondes parce qu’elles peuvent pointer une erreur du doigt quand il n’y en a pas !
Aujourd’hui, je reviens sur les règles à appliquer quand on a affaire à un complément de mesure et je vous propose quelques astuces pour les distinguer du complément d’objet direct.
Les points communs entre le complément d’objet direct et le complément de mesure.
Le complément de mesure n’est pas un complément d’objet direct.
Quelques éléments à garder en tête
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En résumé
Sources
Le complément d’objet direct, ou COD, est un complément essentiel du verbe qui se construit directement.
En clair, il ne peut pas être supprimé ni déplacé sans changer le sens de la phrase, la rendre incomplète ou en détruire la syntaxe, et il ne demande aucune préposition (à l’inverse du complément d’objet indirect).
Vous le connaissez, c’est ce mot qui répond à la question qui ? ou quoi ? et qui est si important pour accorder les participes passés.
Elle aime les pâtes.
Ici, les pâtes est COD, on ne peut pas le supprimer ni le déplacer.
Le complément de mesure, lui aussi, est un complément essentiel du verbe qui se construit directement.
Cette machine à laver pèse soixante kilos.
Ici, soixante kilos est complément de mesure.
Difficile de les distinguer, et puis, à quoi bon s’ils sont si semblables ? Eh bien, figurez-vous qu’il y a des raisons de se poser la question si l’on veut éviter les fautes.
Reprenons les exemples précédents en modifiant un peu les phrases.
Les pâtes qu’elle a aimées.
Les soixante kilos qu’a pesé la machine à laver.
Remarquez comment aimées s’accorde alors que pesé reste invariable.
Un complément de mesure n’est pas un COD, voilà pourquoi.
La différence fondamentale est que le complément de mesure n’exprime pas la même chose qu’un COD, il répond à la question combien ? ou combien de temps ?
Elle a aimé quoi ? Les pâtes.
La machine à laver a pesé combien ? Soixante kilos.
Étant donné que les compléments de mesure ne sont pas des COD, les règles d’accord qui concernent ces derniers ne s’appliquent pas, ce qui explique l’invariabilité du participe passé.
Le Bescherelle et les guides d’Antidote donnent l’astuce suivante pour s’y retrouver : il faut essayer de tourner la phrase à la voix passive. Si c’est possible, alors vous avez affaire à un COD, si c’est impossible, c’est un complément de mesure.
Les pâtes ont été aimées par elle.
La transition est possible, c’est bien un COD.
*Les soixante kilos ont été pesés par la machine à laver.*
La transition est impossible, il s’agit d’un complément de mesure.
Retenez qu'un complément de mesure ne peut pas être le sujet d'une phrase à la voix passive.
A) L’expression d’une mesure est une caractéristique essentielle du complément de mesure. (Logique, n’est-ce pas ?)
Le complément de mesure, comme son nom l’indique, mesure quelque chose. Il faut donc réfléchir au sens de la phrase et à ce qu’elle exprime.
S’il s’agit d’une durée, d’un prix, d’une distance, d’un poids… c’est plutôt d’un complément de mesure qu’il s’agit !
Le piège est de penser qu’un complément de mesure ne peut exister qu’avec un nombre. Pourtant, la règle est valable qu’il y ait un nombre ou pas.
Les cinq bouteilles d’eau que j’ai bues quand il faisait 40 °C me restent sur l’estomac.
Ici, bien qu’il y ait un nombre exprimé, il ne s’agit pas d’une mesure. J’ai bu quoi ? Les cinq bouteilles d’eau. Il s’agit d’un COD (d’ailleurs, vous pouvez passer la phrase à la voix passive), le participe passé de boire s’accorde.
Les heures que j’ai attendu chez le médecin sont innombrables.
Remarquez que la réponse à combien de temps ? n’est pas explicitement donnée, mais qu’on parle bien d’une durée ici – autrement dit, d’une mesure de temps.
*J’ai attendu quoi ?* Non, ce n’est pas vraiment ce qui est dit, il ne s’agit pas d’attendre les heures.
On cherche plutôt à montrer à quel point l’attente a été longue, c’est une durée. Ici, vous pouvez remplacer que par « pendant lesquelles », c’est le meilleur moyen de s’assurer que c’est bien une mesure de temps qui est exprimée.
Les heures est complément de mesure et le participe passé du verbe reste invariable, car il n’a pas de COD. On pourrait dire que « j’ai attendu le médecin pendant des heures ».
B) Le verbe vivre
Le verbe vivre dans le sens de demeurer, ainsi que les autres qui véhiculent la même idée comme séjourner, peuvent exprimer une durée s’ils sont au sens propre ou bien un ressenti, quelque chose de plus abstrait, si l’on prend le sens figuré. Il faut à nouveau se tourner vers l’idée que véhicule la phrase pour trancher, voire connaître les intentions de l’auteur.
Les années qu’il a vécu à Rouen, il a beaucoup étudié.
Cette phrase exprime une durée – on peut remplacer qu’ par pendant lesquelles –, c’est bien un complément de mesure. Le participe passé de voir est invariable.
Les cinq semaines qu’il a vécues furent éprouvantes.
Ici, vivre exprime un ressenti, c’est le sens figuré qui est utilisé. Il a vécu quoi ? Cinq semaines (qui furent éprouvantes). Nous avons bien un COD placé avant le verbe, le participe passé s’accorde.
Je tenais à donner ces quelques exemples pour montrer qu’il n’y a pas de solution toute faite et que, comme souvent en français, c’est le sens qui détermine tout.
Prenez le temps de réfléchir à ce qu’expriment les phrases qui posent problème, et vous trouverez comment accorder ces satanés participes passés.
Le complément de mesure est un complément essentiel du verbe qui se construit directement. Il exprime une mesure (poids, durée, distance, prix…) et répond à la question combien ? ou combien de temps ?
Ce n’est pas un complément d’objet direct, les règles d’accord du participe passé qui y sont relatives ne sont donc pas appliquées.
En cas de doute après avoir répondu à la question combien ? ou combien de temps ?, pour déterminer qu’il s’agit d’un complément de mesure, le mieux est selon moi de se pencher sur le sens de la phrase, ce qu’elle exprime réellement, afin de trancher.
CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.
LAURENT, N., DELAUNAY, B., Bescherelle, la grammaire pour tous, Paris, Hatier, 2019.
« Participe passé et faux COD », Guide de grammaire, Antidote 11, version 2.1 [Logiciel], Montréal, Druide informatique, 2022.
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