Points de langue
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En plus de la correction professionnelle de tous vos textes, je propose quelques astuces avec ce blog pour répondre aux questions que vous vous posez sur la langue française.

 

 

 

Le Certificat Voltaire

01/04/2022

Le Certificat Voltaire

Vous vous inscrivez au Certificat Voltaire et un tas de questions tourbillonnent dans votre tête.

Comment réviser ? Quelles sont les modalités de l’examen ? Combien ça coûte ?

Je vais tâcher de répondre à toutes ces interrogations, mais pas que. Nous allons réfléchir ensemble à ce qu’apporte réellement la formation préalable et faire le tour de ses forces et faiblesses.
Vous ne passez pas prochainement la certification ? Ce n’est pas grave, restez quand même ! Je suis sûr que la curiosité vous taraude.


Les points abordés :
Qu’est-ce que que le Certificat Voltaire ?
La formation en ligne « Écrire sans fautes » et la préparation à l’examen 
L’examen
Vraiment progresser en français

L’apprentissage des règles de la langue française !

Qui se souvient de ses cours de français, de toutes ces heures passées, blotti·es contre le radiateur au fond de la classe à se demander vaguement la signification de « grammaire » et de « syntaxe » (dans le meilleur des cas) ? Pour des enfants et jeunes, ça pouvait vite se transformer en casse-tête, et les classiques hors d’âge au programme n’aidaient pas à se passionner pour le français.


Alors, comment s’extirper des éventuelles insuffisances une fois la scolarité terminée ? La société Woonoz apporte un début de réponse depuis 2010 avec son Certificat Voltaire et son programme de remise à niveau à base « d’ancrage mémoriel ». Est-ce la solution à tous les maux des timides de l’orthographe ? Je vous propose d’y réfléchir ensemble, à partir de mon expérience personnelle.


Après avoir suivi la formation en ligne « Écrire sans fautes », j’ai passé le Certificat Voltaire, épreuve d’orthographe, en février 2022 (et j’ai obtenu le score de 993/1 000). Je ne vais pas m’intéresser ici à l’épreuve d’expression. Je précise également que cet article n’est pas sponsorisé, il ne reflète que mon opinion.

 

Sommaire

Qu’est-ce que le Certificat Voltaire ?
La formation en ligne « Écrire sans fautes » et la préparation à l’examen 
L’examen
Vraiment progresser en français

Sources

 

1. Qu’est-ce que le Certificat Voltaire ?

L’épreuve d’orthographe du Certificat Voltaire est un examen qui évalue la maîtrise de la langue française en se basant sur un score noté sur 1 000 points et dont l’interprétation est divisée en plusieurs paliers : technique, professionnel, affaires et expert. Un premier sujet sur 700 points traite des règles courantes pour un travail de bureau et une seconde partie sur 300 points propose des règles de niveau littéraire. L’objectif pour quiconque tente l’aventure est de valoriser ses compétences en affichant fièrement son score (je plaide coupable), par exemple sur son CV. 


Mais avant de passer un examen, il faut s’y préparer ! Voyons ensemble ce « programme de remise à niveau ».

 

2. La formation en ligne « Écrire sans fautes » et la préparation à l’examen

A. Principes de la formation


Voilà, vous êtes inscrit·e ! Vous avez réglé les 528 € (que je vous conseille de payer avec votre compte personnel de formation si vous le pouvez, parce que ce n’est pas donné), et vous recevez votre code, celui qui vous permet de découvrir les « modules d’entraînement » que promet la formation en ligne « Écrire sans fautes ». Au programme, au moins onze heures d’apprentissage et un manuel de révision envoyé à la maison, Optimiser son score au certificat Voltaire de Marie-France Claerebout. 


À ce prix-là, l’inscription comprend l’accès aux modules en ligne pour quatre mois, le manuel et les frais d’examen. Vous pouvez tout à fait bûcher dans votre coin sans les ressources du « Projet Voltaire » ; dans ce cas, chaque session d’examen coûtera 60 € et vous trouverez le manuel pour 19 € parmi de nombreux autres ouvrages destinés à la préparation de la certification. (Autant l’écrire clairement, si vous ne pouvez pas financer le tout avec votre compte personnel de formation, contentez-vous d’un ou deux manuels ; ils suffiront si vous révisez avec assiduité et l’examen restera le même.)


Ces considérations matérielles évacuées, revenons à la formation en ligne. Chaque module d’entraînement permet de travailler un ensemble de règles, ils sont classés par ordre de difficulté et soumis à une progression linéaire. Vous retrouverez la distinction entre les sujets d’examen professionnel et littéraire, ici appelés « supérieur » et « excellence ». Le principe ? L’ordinateur vous met une phrase devant les yeux ; si vous voyez une faute, cliquez sur le mot incriminé, sinon cliquez sur le bouton « Il n’y a pas de faute ». Le format de travail est différent de celui de l’examen, j’y reviendrai. Ici, une phrase traite une seule règle et aucun mot n’est souligné : c’est à vous de chercher. Entre chaque phrase, vous trouverez le détail du principe à retenir, ce qui permet de réviser tout en avançant dans le module.


Et le manuel, dans tout ça ? Son organisation n’est pas la même : les règles y sont aussi classées en fonction de leur appartenance aux sujets professionnel ou littéraire, mais elles sont ordonnées par thème comme dans un Bescherelle. Vous retrouvez exactement les mêmes qu’en ligne, avec en prime des explications et des exemples différents ; pratique pour compléter les sessions devant écran.

 

B. Les forces du programme


Pour les modules en ligne, tout repose sur « l’ancrage mémoriel » que le département pub de l’entreprise met en avant. À raison, puisque la technologie est plutôt convaincante ! Chaque règle est vue plusieurs fois au sein d’un module, au moyen de différentes phrases. En cas de mauvaise réponse, le programme glissera davantage de fois la même règle dans votre session. Les notions déjà maîtrisées sont évacuées, très vite validées pour ne plus laisser la place qu’à vos lacunes. Les cent quarante règles traitées dans les dix modules « supérieurs » sont entrecoupées de validations qui apparaissent quelques jours plus tard, et qui reviennent sur les fautes commises, histoire de s’assurer que tout est bien « ancré » dans nos petites têtes. Vous pouvez également télécharger des fiches de révision avec exercices et partager vos astuces avec la communauté. Quant aux cent quatre-vingt-dix règles des quatorze modules « excellence », ils observent le même schéma, moins les fiches de révision.


Après vos onze heures de travail, votre cerveau sera conditionné et repérera toutes les erreurs courantes que l’on trouve dans les échanges de courriels au bureau. Ce qui est un peu le but, n’est-ce pas ?


Je dois reconnaître que le système en ligne fonctionne bien et qu’un vrai sentiment de progression s’empare de nous quand on revient sans problème sur une règle qu’on pensait très difficile (coucou l’adverbe « tout », sur lequel j’écrirai un futur article). Je considère également que le manuel papier de Marie-France Claerebout est de bonne qualité et qu’il est très pratique, je l’utilise d’ailleurs en référence pour écrire mes articles. À titre personnel, oui, j’ai progressé depuis que j’ai suivi cette formation.

 

C. Les faiblesses du programme


La grande question à se poser au moment de s’inscrire au Certificat Voltaire, c’est : « Quel est mon objectif ? »

Si vous souhaitez vous préparer au test dans le seul but d’obtenir un score satisfaisant à afficher sur votre CV, foncez. En revanche, si vous voulez progresser en français, c’est-à-dire mieux comprendre les rouages de la langue, l’articulation des mots et leur sens, alors la seule formation prodiguée en vue de l’examen est insuffisante. Voyons pourquoi.


Si l’apprentissage par « l’ancrage mémoriel » est efficace, je suis plus que sceptique sur la manière dont les règles sont présentées. Bien sûr, on ne vous fera pas passer une faute pour une bonne réponse, ça non ! (Et encore heureux.) Mais les explications sont superficielles et reposent sur des remplacements de termes par d’autres ou sur des petits moyens mnémotechniques.

Les modules (et c’est valable également pour le manuel papier) ne prennent que trop rarement la peine d’expliciter la nature et la fonction des mots et le vrai « pourquoi du comment » derrière tout ça. Une règle peut très bien indiquer que tel mot est un adverbe, invariable, avant de démontrer que le même mot peut revêtir la marque du féminin. Pourquoi ? À vous de deviner, et c’est plutôt frustrant.


Pire, un module peut entièrement occulter un pan d’une règle parce qu’il ne colle pas avec ce qui est prévu à l’instant t. Par exemple, vous pourrez lire au niveau « excellence » que « le participe passé ayant pour COD le pronom neutre “l” est invariable, car il remplace une proposition ». Mais qu’est-ce qu’un pronom neutre ? Et une proposition ? Et pourquoi alors le participe passé « vue » s’accorde-t-il dans la phrase : « La fanfare a défilé hier, je l’ai vue passer » ? Heureusement, le manuel nous éclaire et précise que dans le cas de « l’ », il faut bien prendre garde à vérifier si le pronom remplace un mot ou une proposition.


On en vient à une autre faiblesse, un peu plus marginale : le manuel et les modules en ligne sont parfois en contradiction. Par exemple, le niveau « excellence » nous enseigne qu’on « apporte un bébé qui ne marche pas encore ». Soit. Alors pourquoi le livre considère-t-il qu’il s’agit d’une faute, et que la phrase adéquate est : « on amène un bébé », même s’il ne marche pas ? (Par chance, je ne suis pas tombé sur cette question à l’examen ! Comment deviner la réponse attendue par la machine qui corrige ?)


Je termine cette partie avec un peu de sel ; je ne peux que souligner la manière péremptoire dont sont présentées toutes les règles. Si beaucoup sont à appliquer telles quelles, un certain nombre peut faire débat (comme sur des impropriétés ou des expressions inusitées). Mais aucun cheminement intellectuel n’est proposé par les modules ou le manuel, ce qui laisse entrevoir une langue figée dans l’ambre, intouchable, quasi conservatrice. Heureusement que des lexicographes plus modernes, des amoureux et amoureuses d’un français plus ouvert, sont présents ailleurs pour nous éclairer (je pense par exemple aux guides du logiciel Antidote qui aident vraiment au progrès de la réflexion sur la langue). Le sens même des phrases proposées participe au côté bien discipliné du travail de bureau, non sans idéologie.

Quelques exemples : « C'est encore moi qui devrai pallier ton absence ce soir, si tu quittes le bureau plus tôt » ou encore « Quel que soit le besoin, nous ne pouvons recruter un employé commercial en ce moment. » 

Et ma préférée : « Quant aux heures de soutien scolaire, chaque enseignant est prié d'en faire plus. »

Le message est limpide : nous sommes ici sur le « Projet Voltaire » pour réviser un examen calibré comme un défilé militaire, pas pour réfléchir en dehors des clous. Tant mieux si nous retenons des phrases prétendument courantes dans un contexte professionnel, petits soldats que nous sommes.

 

3. L’examen

Vous êtes prêt·e·s ? Vous récitez les règles « ancrées » même dans votre sommeil, au grand désespoir de votre camarade de lit ? C’est le jour j ! Soufflez, et rendez-vous dans votre centre d'examen agréé.


L’épreuve d’orthographe du Certificat Voltaire s’appuie sur les réponses données à un QCM (la courte dictée introductive est très simple et ne change pas le score, mais une réserve peut être apportée au certificat en cas d’erreurs). En deux heures, vous devez relire cent quatre-vingt-quinze phrases qui comportent chacune trois mots ou locutions soulignés, et signifier la présence (ou l’absence) de faute au sein de ces trois éléments en remplissant la ou les cases correspondantes (A, B et C pour les mots soulignés et D s’il n’y a pas de faute). Prenons un exemple pour y voir plus clair :


La ministre complice s’est faite interroger par un aéropage de vingt juges.

 

Ici, vous deviez noircir les cases A et B, car les deux premiers mots soulignés sont mal écrits. Les cases C et D doivent rester vides.


Vous avez deux heures pour analyser près de deux cents phrases, ça passe vite ! Je vous conseille de vous entraîner en amont en conditions réelles, par exemple en imprimant une grille de réponses et en planchant sur le sujet proposé dans le manuel. En principe, vous ne subirez aucun piège : les phrases reprennent les règles vues à l’apprentissage. Prenez garde néanmoins, car elles sont toutes mélangées (hormis le respect de la séparation entre les sujets professionnel et littéraire) et plusieurs interviennent pour chaque énoncé. Je pense que vous devez bien garder à l’esprit que le format auquel vous avez l’habitude ne correspond pas tout à fait à l’examen, ce qui peut en déstabiliser certains et certaines puisque le fondement même de la formation préalable est « d’automatiser » le traitement des fautes. De plus, si la plupart des règles de niveau « supérieur » apparaissent dans le sujet professionnel, seul un tiers (à la louche) de celles du niveau « excellence » viennent vous titiller sur le sujet littéraire. Tant mieux si vous tombez sur vos points forts.


Sachez également que c’est un scanner qui vous évalue et que vous n’avez aucun recours en cas de doute : impossible de conserver son sujet ni de consulter la correction de sa copie. Vous devrez une totale confiance en la machinerie de l’entreprise, et tant pis si elle se trompe parce que vous avez trop peu noirci une case ou trop débordé d’une autre. De toute façon, personne n’en saura jamais rien.


Après environ quinze jours à vous ronger les ongles (si vous êtes de nature anxieuse), vous recevez votre score par courriel, puis le certificat papier dans votre boîte aux lettres. N’oubliez pas de célébrer vos résultats comme il se doit, c’est l’occasion de se laisser inviter au resto par vos proches.

 

4. Vraiment progresser en français

Nous l’avons vu, la formation « Écrire sans fautes » est un très bon moyen de progresser à certains niveaux dans l’optique de valider l’examen, car le programme crée des automatismes chez les candidat·e·s qui pourront, sans hésiter, identifier les règles au moment de plancher (et espérons-le, dans la vie quotidienne). Elle permet donc de répondre efficacement à des besoins ponctuels spécifiques, essentiellement liés au travail de bureau. Mais les lacunes et le manque de profondeur des explications fournies ne permettent pas du tout de se préparer à affronter tous les cas de figure. Dès qu’une phrase sortira du cadre « Certificat Voltaire », même si elle traite d’une règle de grammaire révisée avec les modules, le cerveau risquera de trébucher et de ne pas trouver la solution au problème.


Pour se tirer de tous les mauvais coups de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison et de la syntaxe, il faut s’entraîner à comprendre les rouages de la langue ; la nature et la fonction des mots, leur agencement. Oui, si vous désirez vraiment progresser en français, vous pouvez vous inscrire à l’examen du Certificat Voltaire, mais faites-le en achetant un Bescherelle que vous consulterez en parallèle et à chaque doute (et c'est un poil plus abordable que la formation, puisqu’on peut acheter le coffret complet à moins de 30 euros).


Le meilleur moyen de s’améliorer, c’est de lire. Des romans, des journaux, des mangas, des magazines, ce que vous voulez.


Après tout, on dit bien qu’apprendre à pêcher permet de manger toute sa vie ; pourquoi se contenter du simple poisson qu'est la certification ?

 

Sources

CLAEREBOUT, M.-F., Optimiser son score au certificat Voltaire, Paris, PUF, 2019.

 

« Certificat Voltaire : la signification de votre score », site du Certificat Voltaire, disponible sur https://www.certificat-voltaire.fr/score-certificat/, consulté le 19 mars 2022.

« Écrire sans fautes », document PDF, site du Projet Voltaire, disponible sur https://www.projet-voltaire.fr/pv-wp/wp-content/uploads/2019/11/CPF-Projet-Voltaire-WAE2M-Ecrire_sans_fautes.pdf, consulté le 22 mars 2022.

« FAQ : Vos questions fréquentes », site du Certificat Voltaire, disponible sur https://www.certificat-voltaire.fr/faq/, consulté le 19 mars 2022.

« Mon programme d'entraînement, niveau excellence », site du Projet Voltaire version 7.2.82.0, disponible sur votre espace personnel du site https://www.projet-voltaire.fr, consulté le 19 mars 2022.

« Mon programme d'entraînement, niveau supérieur », site du Projet Voltaire version 7.2.82.0, disponible sur votre espace personnel du site https://www.projet-voltaire.fr, consulté le 19 mars 2022.

 

... et mon expérience récente !

 

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